Alizée Falque: De La Réunion aux portes de Broadway

Alizée Falque est une jeune femme de 24 ans,  écoutant ses aspirations, croyant au travail et à la chance, bien sur son île et bien dans le monde. Cette île lui ayant inculqué l’ouverture au monde et aux cultures diverses, elle a, à force de volonté et d’opiniâtreté, réussi à accomplir son rêve : devenir artiste à Broadway. 

Alizée Falque est  arrivée à La Réunion à 5 ans avec ses parents. Elle a grandi et suivi toute sa scolarité à Saint Paul. Après sa première au Lycée de Plateau Cailloux, elle s’envole pour les USA pour terminer sa scolarité de lycéenne. Le choc culturel est important. Aussi à son retour, elle tente les auditions pour intégrer le célèbre cours Florent, à Paris et … elle est admise ! 

Après quelques années d’apprentissage intensif dans la Capitale, elle est admise dans l’une des plus prestigieuses écoles d’art des Etats-Unis, l’AMDA (American Musical and Dramatic Academy) basée à New York, capitale mondiale des cultures et de la culture américaine.  Le conservatoire offre à la fois des diplômes de licence en beaux-arts et des certificats de performance professionnelle de deux ans.

Mais qui est Alizée Falque ?

Grandir à l’île de La Réunion est une chance, les différences culturelles sont et ne sont pas un sujet. Quand on est enfant, on ne fait pas la différence entre les cultures. Tu grandis en côtoyant et en apprenant les différentes cultures religieuses et culturelles de tes camarades de classe. Cette ouverture au monde dans nos classes et dans la cour de récréation est une évidence, pas besoin de cours sur la diversité et la tolérance, car tu la vis tous les jours à l’école et tu découvres ta chance d’avoir pu grandir dans cette pluralité plus tard en voyageant” explique t-elle. 

Jeune et déjà aventurière ?

J’ai toujours eu de bonnes notes à l’école, j’étais en voie pour un bac S et mes professeurs me poussaient à continuer dans cette voie car je pouvais « avoir accès à tous », disaient-ils. En dernière année de lycée, je ne voulais pas suivre les orientations, et j’ai décidé avec l’appui de mes parents, de réaliser une année aux Etats Unis, grâce à un dispositif peu connu à La Réunion, le visa « J », un visa permettant à des étudiants de faire une partie de leur scolarité aux Etats unis, c’est assez similaire à Erasmus.

Pourquoi faire ce pari des Etats-Unis à 17 ans ?

Je voulais découvrir cette culture et ce pays grand comme un continent. L’ouverture au monde que je vivais en classe, je voulais la vivre également par le voyage. Mes parents m’ont soutenue dans cette aventure au grand dam de mes professeurs. Mes parents ont dû faire face à la réticence des professeurs qui déclaraient que ce choix était « délirant ».

Je peux comprendre : partir avant de passer mon bac aux Etats unis sans mes parents peut paraître une folie mais je voulais saisir cette opportunité, je voulais me faire confiance et sortir des sentiers battus et je me suis envolée vers les « States » !

Cette année aux Etats-Unis comment vous l’avez vécue ?

 Aux Etats unis, je découvre qu’au lycée, il n’y a pas de coefficient et que des matières en option en France, comme l’art, sont ici obligatoires. Toutes les matières ont la même valeur. C’est là que j’ai compris que tout était possible car aucune matière n’est dénigrée. J’ai toujours aimé l’art, mais en France ce n’est pas valorisé voire le plus souvent méprisé, alors qu’aux Etats unis si je voulais faire carrière dans l’art c’était possible comme dans toutes les autres matières. Ici on t’encourage dans tes choix. Cela a été un déclic : je serai une artiste, et une artiste professionnelle !

Après votre année aux Etats-Unis, vous êtes rentrée à La Réunion ?

En fait, pas tout à fait …J’ai profité de ce déclic américain pour m’inscrire au fameux cours Florent à Paris. J’ai été auditionnée et j’ai été acceptée dans la section comédie musicale avec des cours de théâtre en anglais. J’ai également passé mon bac S en candidate libre et je l’ai obtenue avec mention. Mon retour des Etats-Unis, c’est l’année durant laquelle je m’investis dans ma passion et durant laquelle je dépasse les limites du système imposées par l’Education Nationale française et durant laquelle mon ouverture aux cultures du monde, dans laquelle j’ai grandi à La Réunion, devient un atout indéniable

Vous êtes toujours à Paris aujourd’hui ?

Après 4 ans au cours Florent, j’ai tenté deux écoles d’art, l’une britannique et l’autre américaine. J’ai été auditionnée et j’ai été acceptée à l’AMDA, une des écoles les plus prestigieuses et reconnues dans « l’acting », le théâtre musical, la danse et au « performing art » aux Etats-Unis. 

Aujourd’hui, je vis aux Etats-Unis et je m’investis pour accéder à mon rêve. Mais depuis la crise Covid, tout est devenu plus compliqué. L’ensemble des campus est paralysé, les cours se font essentiellement à distance. L’apprentissage, le perfectionnement de la danse, du théâtre et de l’art en général, cela demande beaucoup de concentration et d’émotions.  Avec les restrictions sanitaires, je dois m’accrocher et continuer de progresser. Rodéo émotionnel garanti ! 

Quel votre regard aujourd’hui sur l’art et son enseignement ?

La France intellectualise, aux USA on divertit. En France, dans le théâtre, nous cherchons le plus souvent, le choc, la vérité sèche et dure, les situations sont poussées à l’extrême avec des émotions pures et intenses. On nous demande un voyage en introspection, une interprétation intime et personnelle d’un sujet vers le spectateur. 

Aux Etats-Unis, c’est différent, les artistes et le public recherchent le divertissement, le réalisme dans des situations extraordinaires, des retranchements sociétaux par la comédie et l’échappatoire par le cinéma et l’aventure.

L’acting (interpréter un personnage) c’est pour moi le moyen de créer de la représentation. C’est d’ailleurs ce que demandent les grands médias américains, qui influencent aujourd’hui le monde entier. Cette puissance est fascinante pour la petite française et l’étudiante réunionnaise que je suis. Je peux raconter les histoires enfouies de communautés « invisibilisées » et donner un formidable coup de projecteur sur de nombreuses questions culturelles, politiques et sur de bien d’autres thèmes.

 Je ressens une profonde envie, et un devoir professionnel de recherche de l’humanité et de la profondeur dans chaque personnage.

Les expériences d’Alizée Falque de vie dans la culture réunionnaise, si diverse, si colorée, si joyeuse l’aident à aller au-delà des apparences et à tenter de trouver le lien qui unit tous ! C’est une belle leçon de vie également car  même avec son parcours atypique, elle a réussi à réaliser son rêve. Le soutien des parents pour ce genre d’aventure a été vital car c’est beaucoup de sacrifices, de courage, de conviction et de confiance pour toute la famille. 

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Nicolas Esparon : Un jeune footballeur Réunionnais prometteur.

Dans le football moderne, le talent d’un joueur est découvert de plus en plus tôt. C’est le cas de Nicolas Esparon recruté lors d’une journée de détection. Après avoir évolué pendant 4 ans au Club Saint-Denis FC, le voilà dans l’équipe Scots du Monmouth College dans l’Illinois.  Portrait d’un jeune footballeur qui veut devenir meilleur que son père. 

A 20 ans, Nicolas Esparon ne manque certainement pas de confiance en ses capacités. Depuis son jeune âge, il touche au ballon rond et veut réaliser son rêve de devenir footballeur professionnel et surtout surpasser la carrière sportive de son père. 

Son père, son modèle…

Mon père Patrice Esparon est un  ancien champion de vélo sur route, sur piste et même de cyclo cross. Il est passé par l’INSEP avant de côtoyer Richard Virenque lors du championnat de militaire à Orange où il a fini champion de France par équipe en 1989. Il était champion dans toutes les disciplines et a gagné la première Mégavalanche de 1991. Mon père a été aussi plusieurs fois champion de la Réunion de bowling et est parti 4 fois aux championnats du monde ( Las Vegas, Singapour, Japon et Mexique ). Il est le seul à avoir eu un score parfait (300) sur l’île de la Réunion.  Avec une telle expérience, une telle histoire de champion,  j’essaie d’avoir un parcours identique voir meilleur “. 

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 Depuis que Nicolas s’est mis au foot, son père l’a toujours accompagné à tous ses entraînements. Aujourd’hui même à plus de 20 000 km, il lui souhaite bonne chance avant chaque match à l’autre bout du monde.

Sa détection, un essai réussi…

Nicolas Esparon a été repéré lors d’une journée de détection en mai 2017 par l’agence Foot Détection qui organise des détections principalement en métropole. Sa famille a tout fait pour qu’il y participe. 

Dans la semaine suivant la détection, j’ai été contacté par une dizaine d’universités américaines. Celle qui me convenait le plus était située dans le Midwest, dans l’Iowa. A la fin de ma première année, j’ai été sélectionné dans la deuxième équipe type de toute ma conférence ( parmi environ 1000/1500 joueurs ). Durant cette année, j’ai terminé meilleur buteur de mon équipe et également 6 ème meilleur buteur de toute ma conférence avec plus de 10 buts et 3 passes décisives en 14 matchs ”. 

En route pour Monmouth College…

À la fin de cette même année, Nicolas Esparon se fait transférer à Monmouth College dans l’Illinois, une école plus grande où le niveau est beaucoup plus élevé. Il allie études et football en préparant un bac + 4  en Business et Administration. Il a également obtenu une bourse par rapport à la note qu’il a eu au TOEFL ( diplôme obligatoire pour intégrer des universités américaines ). 

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Au début de mon séjour, c’était très difficile principalement à cause de la langue, et surtout le manque de ma famille. Je ne dirais pas que maintenant c’est beaucoup plus facile, à certains moments le décalage horaire ( plus de 10 heures, et selon les saisons ) fait que je ne peux même pas parler à ma famille pendant des jours “.

Les moments détente…

Nicolas Esparon s’est fait pleins d’amis dans son université et partout où il va, il partage un peu de son île notamment la cuisine créole. Nicolas leur a fait un bon cari poulet et les a fait même goûter au fameux cari zoeufs.

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Mes copains d’université ont depuis le début étaient très accueillants. Ils aiment beaucoup découvrir des cultures différentes. Je visite le pays deux fois par an en général pour Noël et parfois au début des vacances d’été. Cette année, je n’étais pas censé rentrer à la Réunion puisque j’avais été retenu pour jouer dans une équipe semi professionnelle. Mais  à cause de la pandémie, tout s’est  arrêté du jour au lendemain ”.

Sacré Covid 19…

Son école a fermé ses portes le premier week end de Mars dès que la pandémie a commencé. Nicolas a dû trouver un abris afin de pouvoir stocker toutes les affaires de sa chambre.  Heureusement, qu’un de ces amis Américain l’a hébergé jusqu’à ce qu’il puisse trouver un avion pour rentrer sur son île. Malheureusement, aucun vol n’était prévu pendant deux mois. Nicolas a pu rejoindre ses parents seulement après déconfinement. Heureusement qu’il a pu garder contact avec ses proches, grâce aux messageries et aux réseaux sociaux. 

Depuis mon retour, je profite de ma famille, de mes amis, c’est un tel réconfort. Je fais de la musculation et je touche au ballon tous les jours tout en respectant les gestes d’hygiènes et de sécurité. Je reste positif et je ne lâche rien. Avec le soutien de toute ma famille, je ne peux que réussir “.

Toujours optimiste… 

Le jeune joueur, soutenu en cela par sa famille peut désormais assouvir son rêve : devenir un grand joueur de football professionnel comme ses idoles qu’il prend tant de plaisir à voir jouer lors des coupes du monde et autres compétitions prestigieuses. 

Nicolas reprend le chemin de son université dès demain, retrouver ses amis américains et son football.  Il ne manque pas de donner un petit conseil aux jeunes qui voudraient faire comme lui : “ Au niveau du foot, la première touche de balle  compte beaucoup. Des recruteurs de MLS ( professionnel aux Etats Unis ) me l’ont dit mais le point le plus important est de beaucoup travailler à l’école. Aujourd’hui, l’un ne marche pas sans l’autre. Tu peux être très bon au foot mais si t’es nul à l’école, tu n’aura aucune opportunité ”.

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Même si le chemin est parfois tortueux,  mon expatriation est devenue un moyen de poursuivre mes rêves. Je garde dans ma chambre universitaire le drapeau de la Réunion affiché sur le mur, des livres sur les moments insolites dans mes tiroirs, de belles images de mon île dans  ma tête et dans mon cœur, car partout où je serais,  la Réunion sera toujours à mes côtés. J’espère devenir un grand footballeur professionnel et porter haut les couleurs de mon île “.