Si aujourd’hui beaucoup d’entre nous préfèrent les machines à expresso pour leur simplicité, il reste dans nos souvenirs d’enfance un ustensile qui a disparu des cuisines, la « grek » une petite cafetière qu’utilisaient nos mémés.
Un vrai parcours du combattant pour son utilisation car il ne faut pas juste bouillir de l’eau, non, il faut d’abord griller le café.
« Je me souviens de ma mémé, qui se levait aux aurores, il faisait encore nuit dehors. Dans notre « ti caz » en tôle, l’air frais circulait inlassablement. Je rabattais souvent la couverture sur ma tête à cause des moustiques qui prenaient un malin plaisir à émettre ce bruit strident dans mes oreilles. C’était vraiment insupportable! Mais, ce qui me faisait rester éveiller, c’était cette odeur du café qui était omniprésente dans ma chambre » se rappelle Caroline.
Le rituel de Mémé
Longtemps, je restais blottis sous la couverture pour ne pas me lever mais le rituel de mémé m’intriguait. Et un jour, je l’ai suivi discrètement. A travers les nacots de la cuisine, je la voyais se pencher et prendre sous l’évier, une vieille marmite à riz complètement brûlée.
Elle l’a rinça un peu et l’a mis sur les feux du réchaud en fonte. Et quand la marmite fut bien chaude, elle versa au fond un sachet de café vert . Avec un gros morceau de bois, elle tournait, et tournait continuellement. « Oté mémé lé pas fatigué don?? »
Des gouttes de sueurs coulaient sur son visage ridé, mais elle continuait à touiller avec un grand sourire. Si cela durait 1 heure au moins, ce fut une éternité pour ma petite personne de 8 ans. Je commençais à crouler sous la fatigue à force de rester percher sur mes talons pour pouvoir regarder à travers les nacots.
Quand Mémé avait fini de griller son café, elle le moulut. Sur son vieux réchaud, elle faisait chauffer l’eau dans une bouillotte. Quand celle-ci sifflait, elle renversait l’eau bouillante petit à petit sur le café moulu dans le filtre. Il fallait remplir la cafetière ! Puis quand c’était fini, Mémé remplissait deux bouteilles en verre de ce fameux café maison qui lui servaient de stock pour la semaine. Le lendemain quand elle se réveillait, elle utilisait la grek pour réchauffer son café, et celui de toute la famille. Le café était brûlant et si bon.
Souvenirs, souvenirs
Je sentais son odeur merveilleuse et magique dans toute la maison qui me remplissait d’émotions. Quels souvenirs, quelle nostalgie! Il n’y a rien de meilleur que le café de notre mémé , et je reste persuadée qu’il plairait bien aux amateurs d’expresso d’aujourd’hui. J’ai essayé toutes les marques de café mais je n’ai jamais retrouvé cette saveur subtile, ce goût intense de café de ma Mémé.
Aujourd’hui encore, il m’arrive de retrouver Mémé , de boire un bon café maison et de partager avec elle les souvenirs de mon enfance.
Pour toutes nos mémés qui nous ont quitté, grosses pensées à vous « oté grand mère coq lé té out réveil sak lé mienne lé té l’odère café« .. A jamais dans nos cœurs.
Pour tous les amateurs de bon café mémé, cette histoire vous devez la partager.