Maéva Coutant :  Le Taekwondo, plus qu’un sport, une philosophie de vie 

Multiple Championne de France, Vice-championne du monde Senior, Championne d’Europe Junior de 2005 à 2013,  Maéva Coutant est aujourd’hui la personne la plus titrée de l’histoire du Taekwondo à La Réunion. Maman de deux petits garçons, elle a mis sa carrière de championne entre parenthèses pour se consacrer à sa famille. Mais elle continue la pratique de ce sport en entraînant de futurs champions  dans son club Tkd Tampon Dojang. Rencontre avec une femme qui a explosé dans cette discipline de part sa carrure et son talent.

Native de Saint-Louis, Maéva Coutant est une sportive dans l’âme.  Dotée d’un palmarès bien riche, la Réunionnaise est très investie dans la pratique du Taekwondo à La Réunion, art martial d’origine coréenne qui permet d’acquérir une force d’épanouissement et de cultiver un esprit d’ouverture.

Son parcours

C’est à l’âge de 7 ans que Maéva Coutant  découvre le Taekwondo grâce à sa maman qui avait un faible pour les sports de combat.

On a tenté et j’ai accroché. C’est devenu une passion, car de base j’ai un caractère assez tenace, j’ai beaucoup aimé l’idée de frapper.” dit-elle en souriant. 

 “ Mes premiers pas dans la compétition, je les ai fait en minimes où je suis arrivée seconde.   Cela a été le début d’un rendez-vous annuel incontournable. L’année suivante, je suis devenue championne de France. Au total je compte 11 titres nationaux (minimes, cadette, junior, espoirs et seniors confondus). Grâce à ces résultats, j’ai pu être repérée par la Fédération ce qui m’a permis de participer au 1er Championnat d’Europe cadet en 2005 qui s’était déroulé en Sicile. Le déclic a été immédiat, j’ai su que je voulais aller au plus au haut niveau ”. 

En parallèle, Maéva évolue dans les structures régionales, mises en place par la Ligue de Taekwondo Réunion. Tout d’abord le pré-pôle (2003-2004) et le pôle espoir (de 2004 à 2007). L’année 2007 se révèle être la bonne année pour elle car Maéva devient Championne d’Europe Junior en Azerbaïdjan. Elle intègre dans la foulée le pôle France à Aix-en-Provence. 

Je quitte donc mon île à 16 ans en direction de la métropole,  Ma formation au sein de cette structure m’a donné l’opportunité de jouer dans la cour des grands. Étant encore Junior,  je suis sélectionnée pour les Championnats d’Europe Senior en Italie à Rome et j’y remporte le bronze. Ce résultat me propulse parmi les meilleurs de France, les portes de l’INSEP s’ouvrent pour moi. C’est la dernière structure que je convoite ”. 

Pendant six ans, Maéva enchaîne les Championnats du Monde, les Championnats d’Europe (les  préparations Olympiques, JO de Londres 2012 notamment), les Opens et les divers stages internationaux. Mais lors de son parcours,  elle se blesse aux ligaments croisés en 2009.  Déterminée, elle  participe quand même aux Championnats du Monde à Copenhague et termine 4e avec sa blessure.  

A la suite de cette mésaventure,  je me suis faite opérer. Ça fait partie du jeu et il faut concilier performance et santé. Sans oublier les études, je passe mon Bac au sein de l’INSEP cette même année”. 

Quelles sont les qualités pour être un bon combattant?

 » Persévérance, contrôle, respect et détermination « .

Le Taekwondo est un sport de femmes ou d’hommes? À La Réunion, combien de femmes en pratiquent-elles ?

« C’est un sport mixte où l’on peut s’exprimer peu importe son genre. On développe sa personnalité à travers lui. Il y a 133 licenciés au club dont 50 féminines « . 

Quelle est la philosophie de cet art martial?

 » Ça veut dire La voie du pied et du poing « . 

Faut-il un régime spécial pour la pratique de cet art martial? 

 » Le Taekwondo est un sport à catégorie de poids, la morphologie de la personne doit être prise en compte. Les gens longs et fins ont un avantage physique, et ceux qui le sont moins doivent compenser avec la rapidité, l’agilité et la force. C’est pourquoi à haut niveau,  on retrouve les régimes drastiques, pour éviter de se retrouver confronté aux grands gabarits. C’était mon cas « .  

Quel a été ton meilleur souvenir? Comment te sens tu après un combat? 

 » Mon meilleur souvenir c’était lors de mes premiers championnats d’Europe Senior en 2008, alors que je n’étais que Junior, j’ai terminé 3e. J’ai réalisé que je rentrais dans une grande famille, les grands étaient là pour nous et j’étais entourée de champions. Je ne pouvais espérer mieux pour continuer dans mon évolution vers le plus haut niveau« . 

 » En fonction du résultat, on se sent plus ou moins satisfait… Après une victoire, je me sens déterminée et reconnaissante que le meilleur de moi m’ait apporté la médaille. Après une défaite, je me sens exaspérée, car souvent mon pire ennemi est moi-même, un doute, un manque de vigilance et on paye le prix fort. À haut niveau ça se joue à peu« . 

Et aujourd’hui??

 » Ça fait 2 ans que je suis revenue dans l’univers du Taekwondo, après une grosse coupure. J’ai eu l’opportunité de retourner sur mon île pour transmettre mon expérience aux combattants réunionnais. D’autres avaient été là pour moi à mes débuts comme Philippe Bernard, Richard Calixte ou Dany Lastouillat…et bien d’autres, je me devais d’en faire de même pour la nouvelle génération. Grâce à la structure régionale (CRAHN) où je travaille en collaboration avec Dario Dorféans, nous formons les jeunes pour qu’ils accèdent au haut niveau » dit-elle fièrement.

Retrouvez Maéva Coutant au Tampon Taekwondo Dojang au 10ème km, 58 rue Georges Azema. Vous pouvez joindre le Dojo au 0692 86 83 28.

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Dimitri Pavadé : “Le handicap n’est pas un frein dans le sport ».

Champion de France et vice-champion du monde en 2019, recordman de France en 2020 en saut en longueur, le Réunionnais Dimitri Pavadé, le ti kartouche au très beau palmarès ne cesse de briller par ses performances de haut niveau. Amputé de son tibia droit en 2007, suite à un accident de travail,  ce Possessionnais de 31 ans s’entraîne avec une prothèse presque tous les jours pour réaliser son rêve : devenir coach en équipe de France et décrocher la médaille d’or aux Jeux de Paris en 2024.

Dimitri Pavadé a été auparavant médaillé d’or au lancer de javelot en 2016, puis médaillé d’argent en hauteur la même année. Il est aujourd’hui un athlète handisport,  confirmé en saut en longueur qui porte haut l’étendard de sa discipline : le handi-athlétisme afin qu’elle soit reconnue partout dans le monde. 

Son histoire

Muni de son BEP Mécanique Motocycle en 2007, Dimitri est embauché comme manutentionnaire sur les quais du Port puis un soir lors d’une manutention, l’imprévu surgit : 

 « Je me suis fait percuter par le contrepoids d’un chariot élévateur de 18 tonnes. Il me renverse littéralement et entraîne ma jambe droite sous les roues”.

Le diagnostic est sans appel, il doit se faire amputer. 

“Au fond de moi-même, je sais que l’amputation est la seule issue possible. J’accepte donc mon destin en sachant que ma vie ne sera plus la même. Mais au moins, je suis là”. 

Nouveau départ

La convalescence et la rééducation se succèdent. Avec une prothèse, il est à nouveau sur pied en juin 2008. Dimitri  suit alors une formation d’employé libre service. Il signe son premier CDI en 2011 en tant qu’hôte de caisse à Jumbo Sainte-Marie jusqu’à fin 2013. Même si son métier lui plaît, il veut changer d’air et décide de déposer sa candidature pour une reconversion professionnelle en Métropole. 

Ma candidature a été retenue. Je quitte tout, ma famille, mes amis, mon loisir et mon boulot. Me voilà à Clairvivre, petit village de Dordogne pour une nouvelle aventure en formation en tant que technicien orthoprothésiste en janvier 2014 pour une durée de 17 mois“.

Un stage bouleversant

 Dimitri Pavadé effectue un stage dans une des plus grosses boîtes de métropole, la société Lagarrigue. Il aime ce qu’il fait et l’ambiance est au top. 

« Cette nouvelle pratique me plaît. Les employés admirent mon investissement, la rigueur de mon travail et me font savoir que je suis un bon élément. Je rencontre Alain Montean, le PDG de la boîte. Une rencontre qui bouleverse ma vie. Nos échanges sont positifs et nos projets s’accordent. Il me propose de m’embaucher après l’obtention de mon diplôme et de lancer un partenariat de sponsoring para-athlétisme. Je ne pouvais qu’accepter cette opportunité incroyable et offerte avec le cœur. Rempli d’émotions, les étoiles plein les yeux : je me vois déjà loin ”. 

Nouvelle aventure

CAP Technicien orthoprothésiste en poche, je signe mon CDI au sein de la société Lagarrigue à Toulouse en octobre 2015. De belles perspectives s’ouvrent à moi, et je commence l’athlétisme en janvier 2016.  Un an plus tard, avec ma ténacité, ma force et mon envie de réussir, je suis reconnu athlète handisport de haut niveau”.

Le sport comme exutoire

Quand j’avais mes deux jambes , j’étais très dynamique et je faisais plein de choses. Aujourd’hui avec ma prothèse, rien ne m’arrête. Je m’entraîne du lundi au vendredi de 18H00 à 20h00. Je pratique le sprint, le saut en hauteur et en longueur et même du javelot. Les aléas ont fait que je me suis concentré sur le sprint et la longueur. Mes résultats étaient impressionnants surtout en longueur. Je me donnais à fond, j’avais des objectifs à atteindre pas seulement en performance mais aussi personnellement. J’ai dû apprendre à vivre avec mon handicap et en faire un atout ”.

Sport et handicap

Le handicap n’est pas un frein dans la pratique du sport bien au contraire, c’est une libération complète pour notre bien être et une façon de nous exprimer autant que les personnes valides”. 

Ses performances?

Il lui a fallu quelques mois pour s’habituer à sa prothèse et en faire une jambe pour courir à haut niveau. Dès lors, il enchaîne les performances depuis 2016. Deux ans plus tard, il intègre l’équipe de France handisport d’athlétisme. La “bibe” bat des records et s’envole vers les victoires :  champion de France au javelot et vice champion en hauteur en 2016, 7.39 m lors des championnats de France à Albi, sélectionné pour les Jeux Paralympiques de Tokyo, champion de France avec 6,93 m en 2019, vice champion du monde et recordman de France en saut en longueur avec 7,25 m et en 2020, nouveau record de France meeting validé avec 7,39 m.

Sa vie en Métropole

J’ai une vie très confortable en métropole et je ne me vois pas revenir vivre à La Réunion, du moins pas maintenant. Je suis actuellement détaché complètement de mon poste et je m’occupe que de mon sport et de mes performances. Je représente et travaille l’image de mon entreprise qui me sponsorise. Je reviens pratiquement tous les ans voir ma famille ”.

L’amour dans tout cela?

L’amour a sa place mais il est très difficile de rencontrer la personne qui accepte cette situation avec un athlète de haut niveau”. 

Projets, rêve et conseils

J’aimerais être coach en équipe de France plus tard et mon rêve aujourd’hui c’est de décrocher la médaille d’or aux jeux de Paris 2024.

Il faut choisir toutes les opportunités qui se présentent, se jeter à l’eau sans avoir peur de se mouiller, se donner à fond dans ce qu’on entreprend car il y a toujours des gens qui croient en toi et pour qui on pourrait un bel exemple de force”

Quand d’autres pourraient tomber très vite, Dimitri Pavadé, lui choisit les défis. 

A 12 ans, Enzo Hoareau intègre le junior team de Joan Mir, champion du monde de GP moto

Enzo Hoareau, jeune pilote réunionnais, rejoint le Team JEG en Espagne,Team officiel Suzuki qui a comme télémétriste Joan Mir,  l’actuel champion du monde de Grand Prix moto.

Enzo est le fils de Samuel Bellon, rallyeman réunionnais. « Dans la famille, on a la vitesse dans la peau », raconte Samuel le papa. Le grand-père et moi-même, sommes des adeptes de vitesse sur routes fermées, passionnés de rallye plus précisément. 

Déjà un supermotard à 9 ans

Enzo, le petit dernier de la famille, n’a pas échappé à la passion de ses aînés. Mais lui préfère la moto. Dès ses 7 ans, il commence en automatique sur un parking. Six mois plus tard, il prend part à des courses de cross adaptées aux enfants de son âge. Il se fait remarquer et à 9 ans, il bascule dans une discipline qui fait parler d’elle de plus en plus, le supermotard. 

Mes parents ont trouvé que je roulais  bien, et qu’il fallait  tenter de rouler en compétition, afin de connaître mon niveau. J’ai fait ma première course à La Réunion en 65cc en septembre 2018. Quelques mois plus tard, j’ai enchaîné avec le championnat de France de supermotard en 65cc et j’en suis sorti vainqueur. En comparant les temps avec les motos plus puissantes, on s’est aperçu que j’étais proche des 85cc. En mai 2019, j’effectue ma première course en 85cc et je décroche la première place ” .  

 Comment avez-vous été détecté? 

J’ai rencontré la Race School Experience lors d’une course en 85cc, qui a voulu me faire faire un essai en mini moto de Grand Prix. J’ai passé une journée de tests entouré de plusieurs pilotes plus expérimentés. A la fin de la journée, j’étais dans les temps des autres pilotes.

Puis, j’ai participé aux manches en Italie. Dès la première course, je termine dans le Top 5. J’ai enchaîné ensuite aux manches de championnat d’Europe et une au Mondial.  Mes chronos en vitesse ont attiré la curiosité de la FFM (Fédération Française de Motocyclisme) qui a contacté mon père pour que je puisse faire un test avec l’équipe de la Fédération Française Espoir (coach, préparateur physique et moto). Et me voilà dans l’équipe.  

Avez-vous un modèle, une personne qui vous inspire pour bâtir votre carrière sportive?

Marc Marquez, détenteur de huit titres de champion du monde, est mon modèle pour son pilotage. Il a commencé très jeune comme moi, et il a gagné beaucoup de courses. J’aimerai suivre ses traces et être un grand pilote professionnel.

Combien de temps consacrez-vous à votre passion par semaine? Quel est votre statut sportif?

Je m’entraîne en moto tous les mercredis après- midi, samedis et dimanches. J’ai un coach sportif qui vient 2 fois/semaine.

J’ai le statut de sportif de haut niveau, que la FFM m’a donné alors que je n’ai pas encore l’âge pour pouvoir manquer des cours,  et avoir l’autorisation de circuler pour aller sur les courses en Europe.

Comment gérez-vous votre stress avant le grand jour?

Je fais du vélo, ou on me lance une balle pour me déstresser.

Quelles sont les qualités requises pour être un bon pilote? Vous aident-elles dans vos études?

Je trouve qu’il faut savoir écouter les conseils, rester calme, être concentré , courageux  et être explosif au bon moment. 

Je vis loin de mes parents chez des amis à mon papa à Voglans en Savoie. Je suis actuellement en classe de 6ème au collège Ombrosa, école bilingue Anglais, au Bourget du Lac (73). J’ai de bonnes notes qui font la fierté de mes parents. Il est hors de question d’abandonner. L’éloignement a forgé mon caractère de battant. J’ai de la chance d’avoir des parents qui me poussent à poursuivre mon rêve

Quel a été votre plus beau souvenir ? 

J’ai fini sur la troisième marche du podium au championnat d’Europe de Supermotard des Nations en 2019 à Paris. Un moment riche en émotions qui a fait la fierté de mes proches et qui m’a ouvert des portes. 

J’ai pris conscience de ce que je voulais : vivre ma passion à fond.

 Quels sont vos projets ou perspectives sportives?

Je voudrais atteindre la Moto 3 et  rouler avec une écurie. Je sais que c’est difficile mais je m’y engage. Grâce au soutien de mes parents qui me boostent tous les jours au téléphone, ma motivation est davantage plus grande